Louise-Victorine Choquet, dite Louise-Victorine Ackermann, née à Paris le et morte le à Nice, est une poétesse française.
Biographie
Louise-Victorine Choquet est née à Paris, de parents parisiens, d'origine picarde. Son père, voltairien et amoureux des lettres, lui fit donner une éducation éloignée de l'enseignement religieux. Il fut l'initiateur des premières lectures de sa fille. De tempérament indépendant, il quitta Paris à trente-trois ans pour la solitude de la campagne, emmenant avec lui sa femme et ses trois filles.
Louise vécut une enfance solitaire à la campagne en Picardie, près de Montdidier, au sud-est d'Amiens,. Son tempérament studieux et méditatif se déclara très tôt, la mettant à l'écart des enfants de son âge et de ses sœurs. Sa mère, qui se fait mal à la vie campagnarde, est rongée par l'ennui et sera peu conciliante envers sa fille aînée. Elle exige que celle-ci fasse sa première communion, pour respecter les conventions mondaines. Louise découvre ainsi la religion en entrant en pension à Montdidier, et y porte tout d'abord une adhésion fervente, qui alarme son père. Ce dernier lui fait lire Voltaire, et l'esprit du philosophe créera le premier divorce entre Louise Choquet et le catholicisme.
De retour de pension, elle poursuit ses lectures et études dans la bibliothèque paternelle, et découvre Platon et Buffon. C'est vers cette époque qu'elle commence à faire ses premiers vers. Sa mère s'en inquiète, ayant une prévention envers les gens de lettres. Elle demande conseil à une cousine parisienne, qui lui recommande au contraire de ne pas brider les élans de sa fille mais de les encourager.
Louise est alors mise en pension à Paris, dans une grande institution dirigée par la mère de l'abbé Saint-Léon Daubrée. Élève farouche, elle est surnommée l'« ourson » par ses camarades de classe, mais devient vite la favorite de son professeur de littérature, Félix Biscarrat ami intime de Victor Hugo. Découvrant que Louise compose des vers, Félix Biscarrat porte même certaines de ses œuvres à Victor Hugo qui lui donne des conseils.
Félix Biscarrat nourrit les lectures de son élève en lui fournissant les productions des auteurs contemporains. Elle découvre également les auteurs anglais et allemands, Byron, Shakespeare, Goethe et Schiller. La lecture parallèle de la théologie de l'abbé Daubrée la fait renoncer définitivement à la pensée religieuse, même si elle avoue dans ses mémoires avoir eu par la suite des « rechutes de mysticisme ».
Au terme de trois ans de pension, elle regagne sa famille où elle poursuit l'étude et la composition en solitaire, faisant découvrir à ses proches les auteurs modernes, Hugo, Vigny, Musset, Sénancour. Mais le décès de son père la privera bientôt du seul soutien familial qui valorisait ses compétences littéraires. Sa mère lui interdit la fréquentation des auteurs, et Louise renonce pour un temps à la poésie. Elle obtient en 1838 qu'on la laisse partir à Berlin pour un an, dans une institution modèle de jeunes filles dirigée par Schubart. Ce dernier l'aidera à parfaire son allemand, et elle sera sous le charme de la ville de Berlin, qu'elle définit ainsi :
« La ville de mes rêves. À peu d'exceptions près, ses habitants ne vivaient que pour apprendre ou enseigner. »
Elle y reviendra trois ans plus tard, après le décès de sa mère. Elle y rencontre le linguiste français Paul Ackermann, ami de Proudhon, qui en devient amoureux et qu'elle épouse sans réel enthousiasme :
« Je me serais donc passée sans peine de tout amour dans ma vie ; mais rencontrant celui-là, si sincère et si profond, je n'eus pas le courage de le repousser. Je me mariai donc, mais sans entraînement aucun ; je faisais simplement un mariage de convenance morale. »
À sa grande surprise, ce mariage sera parfaitement heureux, mais bref : Paul Ackermann meurt de maladie le , à l'âge de 34 ans. Très éprouvée par son veuvage, Louise rejoint une de ses sœurs à Nice, où elle achète un petit domaine isolé. Elle consacre plusieurs années aux travaux agricoles, jusqu'à ce que lui revienne l'envie de faire de la poésie. Ses premières publications ne suscitent que peu d'intérêt, mais retiennent tout de même l'attention de quelques critiques, qui en font la louange tout en blâmant son pessimisme qu'ils attribuent à l'influence de la littérature allemande. Elle se défendra de cette influence, réclamant pour sienne la part de négativisme de ses pensées en expliquant que celle-ci apparaissait déjà dans ses toutes premières poésies, bien qu'il n'y ait aucune trace de celles-ci pour corroborer ses dires.
Son autobiographie révèle une pensée lucide, un amour de l'étude et de la solitude, ainsi que le souci de l'humanité qui transparaîtra dans ses textes.
Elle meurt à Nice, 22 quai du Midi, le à dix heures du matin. Son acte de décès la déclare rentière.
Citations
- « Considéré de loin, à travers mes méditations solitaires, le genre humain m'apparaissait comme le héros d'un drame lamentable qui se joue dans un coin perdu de l'univers, en vertu de lois aveugles, devant une nature indifférente, avec le néant pour dénouement. »
- « Mon enfance fut triste. Aussi haut que remontent mes souvenirs, je n'aperçois qu'un lointain sombre. Il me semble que le soleil n'a jamais lui dans ce temps-là. J'étais naturellement sauvage et concentrée. Les rares caresses auxquelles j'étais exposée m'étaient insupportables ; je leur préférais cent fois les rebuffades. »
- « Ma paresse et mon indolence s'arrangeraient fort bien de garder mes Contes en portefeuille. Mon talent de fraîche date me fait l'effet de ces enfants survenus tard et sur lesquels on ne comptait pas. Ils dérangent terriblement les projets et menacent de troubler le repos des vieux jours. »
- « Pour écrire en prose, il faut absolument avoir quelque chose à dire ; pour écrire en vers, ce n'est pas indispensable »
- « La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs. »
Bibliographie
Cette bibliographie commence par les œuvres imprimées de Louise Ackerman. Ont été brassées les données de DataBnF.fr, mais aussi Gallica, qui a numérisé quelques titres de Ackerman, ainsi que le SUDOC, où l’on a moissonné les œuvres imprimées, mais sans moissonner les exemplaires, qui correspondent assez bien aux collections de la BnF. Le Karlsruhe virtueller Katalog, également, a été consulté ; on a recensé à cette occasion quelques traductions allemandes et anglaises des œuvres de la poétesse, mais aussi un texte rédigé originellement en allemand, dans une bibliothèque suisse.
Les œuvres recensées le sont dans l’ordre chronologique d’édition.
Une seconde partie de la bibliographie, particulière, recense des œuvres musicales et théâtrales inspirées par Louise Ackerman : partitions, chansons, enregistrements musicaux, pièce de théâtre fondés sur des textes de l’autrice. Il va de soi que cette recension est tributaire du travail catalographique des institutions de conservation concernées.
Suit un état des sources, d’abord primaires : le KVK et la base Archives et Manuscrits ont été d’un précieux recours : des correspondances, dont certaines numérisées à la Staatsbibliothek zu Berlin, ont été retrouvées, établissant les liens de la poétesse avec Humboldt, Marie d’Agoult, Edouard Grenier, Juliette Drouet … Un album de coupures de presse relatives à Louise Ackerman a également été versé à ce pré-catalogue des sources primaires.
L’état des sources secondaires, recensées selon l’ordre chronologique d’édition, établit une bibliographie critique d’Ackerman : des œuvres en majorité françaises, mais aussi allemandes, italiennes, et dans une moindre mesure britanniques apparaissent. Deux estampes - dont une numérisée sur Gallica - ont été ajoutées à cet ensemble.
Œuvres imprimées
La Fayette Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, Auger Louis-Simon, Tencin Claudine-Alexandrine Guérin de, Fontaines Marie-Louise-Charlotte de Pelard de Givry, Choquet, Manceau François, Bovinet Edme, Lejeune, Didot Firmin, Lalaing de et Lepetit, Œuvres complètes de mesdames de la Fayette, de Tencin et de Fontaines ; avec des notices historiques et littéraires, par M. Auger 1-4, Chez Mme Veuve Lepetit, libraire De l’imprimerie de Firmin Didot, 1820.
Partitions
- Darbois L. Compositeur et Ackermann Louise, Op. 7. Quatre mélodies, chant et piano, 1914, audiovisuel.
- Du Forez Rachel et Ackermann Louise, Hébé : chant et piano, H. Maquaire, éditeur, 1933, audiovisuel.
- Facchinetti Mario, Fragment. D’après les Paroles d’un amant de Louise Ackermann. Chant, cloches et piano, Editions Salabert, coll. « Poèmes variés », n? 2, 1934, audiovisuel.
- Facchinetti Mario, Poèmes variés - n° 2, Fragment, d’après les "Paroles d’un amant de Louise Ackermann, pour chant, cloches et piano, Editions Philar, 1934, audiovisuel.
- Chausson Ernest, Hébé op. 2, 6: (1882), 2006, audiovisuel.
- Hugo Victor, Hugo Victor, Ackermann Louise, Hugo Victor, Verlaine Paul, Malherbe François de, Nerval Gérard de et Hugo Victor, Poésie , 16 : Louise Ackermann, Musset, Hugo, François de Malherbe, Verlaine, A. Bitoun Tordjman, 2012, audiovisuel.
- Ackermann Louise, Nouveaux contes, le Livre unique, 2012, audiovisuel.
- Poésie , 10 : Musset, Marceline Desbordes-Valmore, Louise Ackerman..., Amram Bitoun Tordjman, 2017, audiovisuel.
Sources primaires
Sources secondaires
Iconographie
- Il existe un portrait d'elle peint par Marcellin Desboutin en 1886. Ce portrait, conservé au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins, avait été volé en ; il a été retrouvé en 2017.
[Recueil. Portraits. Lettre A], 16 Arsenal - Magasin - EST-Pet. fol.-P (A).
[Recueil. Portraits de Louise Victorine Choquet, Mme Ackermann (xixe siècle)], Richelieu - Estampes et photographie - Magasin - N-2 (ACKERMANN, Louise Victorine Choquet, Mme).
Adaptation sur scène
- Les Galets de la mer - Louise Ackermann la poétesse révoltée ! de Caroline Rainette, d'après la vie et l’œuvre de Louise Ackermann, (ISBN 978-2-9552190-0-3). Création Avignon 2015, Compagnie Étincelle.
Notes et références
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- International Music Score Library Project
- Carnegie Hall
- MusicBrainz
- Ressources relatives à la littérature :
- Internet Speculative Fiction Database
- NooSFere
- Ressource relative au spectacle :
- Les Archives du spectacle
- Citations sur Au fil de mes lectures
- Choix de poèmes sur unjourunpoeme.fr
- Une sélection de poèmes de Louise Ackermann
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